Le principe des vélos pliants ne date pas d’hier… On doit celui-ci à l’industriel Charles Morel qui réalise un prototype de vélo pliant en 1892, alors qu’au même moment, le lieutenant Henri Gérard imagine l’usage d’une bicyclette pliante pour l’armée… Les deux hommes se rencontrent et finalisent la pliante qui sera exposée au Salon du Cycle à Paris en décembre 1894.
Véritable succès public, vingt-cinq modèles seront ensuite commandés au lieutenant pour l’armée française, mais aussi pour les armées russes et roumaines. Le vélo militaire apparut en effet depuis la fin des années 1870 dans l’infanterie, expérimentation qui fit ses preuves dans les années 1890 dans la transmission d’information puis au combat : en 1913 dix bataillons de 400 chasseurs cyclistes furent créés. Véritable atout face au cheval, la bicyclette Gérard pouvait se porter repliée sur le dos avec des bretelles, ne gênait pas au tir debout, ne nécessitait pas de garage…
Promu capitaine, Gérard atteint une certaine célébrité qui conduit à la rupture de son partenariat avec Morel, véritable père de ce concept. Le brevet fut dès lors vendu à Michelin en 1899, et la pliante produite jusqu’en 1919 par Peugeot avec une version modernisée comprenant garde-boue et nouveau guidon.
La bicyclette Capitaine Gérard valait à l’époque plus de 300F : cela comprenait un cadre réglable émaillé noir, des pneus Michelin et… des freins sur caoutchouc. Ils s’avéraient plus dangereux qu’efficaces, les hommes arrêtant leur monture tout simplement avec la semelle de leurs chaussures. On ne pouvait d’ailleurs pas monter de freins sur jantes sur ce vélo… ni de roue libre ! A noter que garde-boue et bretelles de portage étaient en option…
Vous pourrez découvrir plus d’informations ici sur cette passionnante histoire, et de nombreuses images par là.
Des fans ont même créé une page Facebook, et une conférence vidéo est disponible selon ce lien.
La bicyclette du Capitaine Gérard fait ainsi l’objet de recherches de nombreux collectionneurs, mais si elle a servi à faire la guerre elle est surtout un outil comportant multiples innovations, au point de défiler à l’hippodrome de Longchamp lors du 14 juillet… Ou comment faire du vélo un symbole d’une autre liberté.