Vélo et Design : Tom, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Tom4 : j’ai 38 ans, je roule en vélo depuis toujours, le père noël m’apporte mon 1er bicross en 1982, je découvre le vtt en 1991. J’ai pratiqué le dual slalom et la descente entre 1997 et 2002. J’ai ensuite eu une grosse période de « disette » où je n’ai pratiqué que le street, jusqu’en 2011, avant de me remettre au vtt.
Je vélotaffais tous les jours quand j’étais étudiant, de 1995 à 1999, puis sur paris jusqu’en 2003. Je me suis remis au vélotaf en 2007 grâce à Vélib.
J’ai tendance à rouler assez vite à vélo, et je cherche toujours à transformer mes trajets en trajets ludique. Je roule actuellement en Vélib, alpinestar vintage, fat bike ou beach cruiser suivant mes trajets et mon humeur. Je suis également adepte de sport de glisse et de « descente non motorisée sur route ».
Je connais deux tom4 : le vélotaffeur averti et le VTTiste concepteur de machines loufoques. Pour commencer parle-nous de tes créations : comment tu les fabriques, ce que tu en fais…
Nous avons commencé nos créations en 2004. Avant de partir au ski, nous nous sommes dis que louer des snowscoot était pas mal, mais que si nous pouvions descendre avec nos engins, cela serait encore mieux. Nous avons donc récupéré deux cadres de vtt, acheté deux skates et deux paires de ski sur des vides greniers, et nous avons construit notre premier veloski. Il marchait pas trop mal, mais un gars a eu pitié de nos pauvres skis et nous a filé 2 vieux snowboard. Nous avons alors fait usiner des platines en alu pour fixer correctement les snows sur les cadres, et le véloski a été validé.
Trois ans après, nous avons tenté un pocket véloski, fait à partir d’un mini vélo de clown, mais le concept n’a pas marché, et ce mini vélo a été recyclé. Pour la petite histoire, les fixations ont été utilisées pour transformer mon maxmax et un Vélib (ne le refaites pas) en vélo d’hiver.
J’ai fais la connaissance en 2005 d’un bricoleur de génie, qui possédait un atelier digne de ce nom, et qui était plus que réceptif à nos idées de création. C’est avec lui que le mini vélo a été croisé avec un vélo pliant, pour donner le « vélo moche« , un genre de vélo couché maison, totalement inconfortable, mais étonnamment conduisible (j’ai fait des randos de plus de 20 km avec). Par besoin de place (et de pièce), ce vélo a été à nouveau recyclé, et on retrouve sa selle sur mon gravity bike.
Ceci nous amène à amène à nos activités gravitaires.
Il y a quelques années années, un ami a récupéré un vieux tricycle pour enfant. Il a d’abord été équipé d’un moteur de paramoteur, puis de roues de poubelles, puis de roues de chariot, et est aujourd’hui utilisé pour participer à des courses de caisse à savon. Quand la mode du tricycle drift est arrivée en France, on faisait déjà des chronos depuis longtemps avec le notre. Point de drift, mais objectif 70 kmh. Dans le même temps, j’ai récupéré aux encombrant un BMX, et en m’inspirant de ce qui était fait par des espagnols, nous avons construit un gravity bike assez efficace. il a été testé dans une piste de luge d’été, et en course de caisse à savon.
Nous continuons la récupération d’engins divers, en nous disant toujours « ça servira un jour », et de temps en temps, on se fait un week end « freeride », où nous sortons les outils le samedi soir pour bricoler des concepts plus ou moins efficace, et on les teste le dimanche.
Pour te suivre sur Twitter, tu es plutôt engagé dans la promotion du vélo urbain. Comment te déplaces-tu en ville, et pour quelles activités ?
Je me déplace à moitié en tram/metro (en général le matin pour aller bosser, ou quand je suis en famille), et à moitié en vélo, que ce soit en Vélib (pour rentrer du bureau) ou avec un de mes vélos perso (pour le plaisir, ou si je peux faire l’intégralité du trajet en vélo). Quand je me balade dans Paris pour faire des photos ou du shopping, je prends en général le RER jusque dans Paris, et ensuite, le Vélib (ça m’évite de laisser mon vélo antivolé devant les magasins)
Tu es utilisateur du Vélib : que penses-tu de ce service ?
Je vais sûrement choquer des gens, mais pour moi (et ceci n’engage que moi), Vélib est L’Innovation cycliste avec un grand I pour Paris. Celles et ceux qui on roulé dans Paris avant 2007 se rappelleront que c’était faisable, mais pas super top. Vélib (et Velov, bicloo et les autres dans les autres villes) a permis à des milliers de personnes qui n’auraient jamais imaginées rouler en vélo en ville de le faire. Vélib a littéralement mis dans les rues de Paris 20000 vélo (environ, ça fluctue suivant les saisons et le vandalisme). Vingt mille vélos !! C’est juste un truc de fou !! Aujourd’hui, tout le monde connait quelqu’un qui va bosser en Vélib, et la proportion de gens qui dans les bureaux (encore une fois, avis personnel basé sur un ressenti personnel) qui disent « tu viens bosser en vélo, c’est hyper dangereux » a baissé. Vélib nous aide, nous cyclistes, à nous approcher de la masse critique indispensable pour que tout cycliste soit en sécurité. Je pense aussi qu’il a contribué au développement des pistes cyclables dans la capitale. Certes, il y a des points noirs, des gros même. Le vol de Vélib, la régulation parfois hasardeuse, certains choix pas toujours judicieux, mais ayant été au comité d’usagers vélib pendant deux ans, je peux te garantir que ils partaient de loin, et que même s’il reste à faire, les progrès ont été énormes (ne pas oublier que à la base, Decault pose des panneaux, et qu’un panneau ne se vole pas, et ne se plaint pas 🙂 ). Vélib a aussi (et surtout) permis à des gens qui ne pouvaient pas aller et revenir du travail en vélo, de faire tout ou partie de leur trajet. Il offre une modularité que ne permet pas un vélo personnel. En simplifiant, c’est grâce à Vélib que je me suis remis au vélotaf.
Comment encourager la pratique du vélo en ville selon toi ?
Déjà, il faudrait encourager un peu plus à la pratique du vélotaf dans les entreprises. Il y a de plus en plus de pistes cyclables, mais il faut absolument améliorer l’éducation (et ça passe hélas par la répression) des automobilistes et conducteurs de 2 roues motorisés. Les pistes cyclables et sas vélos servent encore beaucoup de « parking pour 2 mn » et d’aire de départ avancé. Devoir contourner des véhicules en se mettant en danger et le meilleur moyen de pousser un cycliste pas trop aguerri à arrêter le vélo et retourner au métro, voir pire, à la voiture. Il faudrait aussi améliorer l’intermodalité, et augmenter le nombre de TEC permettant de prendre son vélo (le tram de Paris par exemple, interdit l’accès aux vélos, alors qu’en heure creuse, ça pourrait être très pratique. Celui de Nantes l’autorise). De plus en plus de gare de ter/rer proposent des parkings vélos, il faut construire des parkings abrités et sécurisés aux abords des gares, même si cela doit avoir un léger cout pour les cyclistes (honnêtement, je pense que la majorité des cyclistes n’auraient rien contre payer 10€/mois, comme en Suisse, contre l’assurance de retrouver son vélo au même endroit le soir, avec un casier pour ranger son casque, et un vestiaire pour se changer).
Enfin, il faudrait des campagnes de promotion ciblées, pour montrer que le vélo n’est pas qu’un loisir du week end, qu’en ville, pour la plupart des trajets de moins de 30mn, il est le moyen le plus rapide, et le plus agréable.
Pour conclure : veux-tu dire quelque chose aux lecteurs de Vélo et Design ?
Roulez en vélo, c’est bon pour le corps et l’esprit.
Peut-être vous souvenez-vous de lui, du moins de ses photos lors d’une course de caisses à savon : Tom4 fait partie de ses personnages atypiques du monde du vélo. Pratiquant multiple, son expérience est pleine de bon sens : il met le réemploi à l’honneur en créant ses propres vélos, et ce depuis plusieurs années déjà; vélotaffeur averti, ses conseils seraient peut-être bons à suivre (par les cyclistes, les employeurs ainsi que les réseaux de transport); enfin, amateur de vélo tout simplement, son regard entre humour et bienveillance nous incite à enfourcher la petite Reine. Alors allons-y !