Des vélos en libre-service… sans station !

Imaginez : vous avez besoin de vous déplacer et le vélo semble la meilleure solution. Or, la station la plus proche… nécessiterait un moyen de transport pour s’y rendre car trop loin de vous ! Quel paradoxe n’est ce pas ?
Pour y remédier, certaines sociétés ont imaginé le vélo en libre-service… sans station. Plus besoin de bornes spécifiques, c’est le vélo connecté à une application mobile qui se charge de tout, partout. Découverte de cette solution de mobilité intelligente…

Les services existants

Call a Bike, Allemagne

Velo libre service Allemagne, Call a Bike

En matière de vélo, les Allemands sont loin d’être les derniers… La preuve avec Call a Bike puisqu’ils sont précurseurs des vélos en libre-service sans station avec une mise en place… dès 2000 ! Et à l’époque, on ne parlait encore pas d’objets connectés…
Utilisation : après avoir repéré une bicyclette disponible à un carrefour de la ville (il existe toutefois des stations), il suffit d’appeler le numéro figurant sur celle-ci pour recevoir le code de déverrouillage de l’antivol. Une fois son trajet effectué et le vélo attaché, il faudra rappeler pour indiquer le nouvel emplacement du vélo après avoir rentré un code de retour.
Aujourd’hui, l’application mobile permet et de trouver son véhicule, et de le (dé)verrouiller.

Mobike, Chine

Velo libre service Chine, Mobike

Sisi, le vélo ci-dessus est bien en libre-service ! Quel look ! Qui dénote avec les Vélib’ ou autres Pibal
Déployés depuis la mi 2016, ces superbes engins sont disponibles dans neuf villes chinoises. Il existe deux modèles : le standard (en image) et un modèle Lite, plus léger, avec un tube de selle plus long et un panier. Et lui aussi vaut le coup d’œil !
Utilisation : du fait de la nouveauté du système, c’est une application mobile qui gère accès au vélo et transaction. Repéré sur le plan, vous pourrez même réserver votre Mobike 15 minutes à l’avance. Il suffira ensuite de scanner le QR code situé sur le vélo pour le déverrouiller, et de refermer manuellement le cadenas arrivé à destination.

Depuis son lancement, Mobike semble avoir perdu de sa superbe, comme vous pourrez le constater ici.

Ofo, Chine

Velo connecte chinois Ofo

C’est LE concurrent de Mobike. Présent dans 24 villes chinoises depuis l’automne 2016 (déjà), ses vélos jaunes à l’allure plus classique sont tout d’abord destinés aux étudiants et disposés autour des campus asiatiques. Mais aujourd’hui, Ofo va débarquer au Royaume Uni, et pourrait également rouler aux États Unis…
Utilisation : une appli, un code, et votre vélo et prêt à l’emploi !

A l’instar de Mobike, Ofo, criblé de dettes, s’est arrêtée en 2020.

A noter : la bataille fait rage en Chine puisque d’autres dockless bike-sharing existent, tels Xiaoming Bike ou Bluegogo.

Sobi, États Unis

Velo sans station SoBi

SoBi, c’est la contraction de Social Bicycles. Ces vélos sociaux ont démarré leur aventure grâce à une campagne Kickstarter à New York avant de s’étendre dans de nombreux états américains, mais également en Australie, en République tchèque et en Pologne (avec des noms différents mais des sites web très semblables !).
Utilisation : de la même manière que précédemment, on localise son futur destrier via une application. Une fois choisi, celle-ci délivrera un code à taper sur le boîtier arrière du vélo pour le déverrouiller. Votre balade terminée, l’application affichera diverses informations telles que la distance parcourue, les calories brûlées et les temps et argent économisés… à partager sur les réseaux sociaux bien sûr.

Open Bike, Danemark (concept)

Open Bbike Copenhagen

Vainqueur du CPH bike share competition, ce projet pensé pour la ville de Copenhague a été réalisé par LOTS Design en 2009. Ces petits vélos urbains sympa et modulables (version cargo possible) sont référencés GPS via une appli mobile pour les trouver facilement, et « parquables » où on le souhaite après utilisation. Car là non plus, pas de station !
Pour rappel, cet autre projet conceptuel danois n’utilisait pas de station… mais le mobilier urbain ou même l’architecture !

Le vélo connecté et partagé : limites et questions

Des avantages indéniables

Pouvoir utiliser un vélo à tout moment, n’importe où sans avoir à se soucier d’une station pour le retour paraît vraiment séduisant d’un point de vue usager, et c’est en Chine que cet engouement s’est vérifié. Ainsi, les problèmes de pollution auraient favorisé son retour alors qu’il était délaissé au profit de la voiture, nouveau signe extérieur de richesse.
S’en est alors suivi la création de ces diverses sociétés de mobilité connectée et partagée…

« Je me fiche de quel vélo il s’agit, j’en utiliserai un si je tombe dessus et me sens trop paresseux pour marcher. »
« Je les trouve vraiment pratiques parce que le trafic routier est vraiment mauvais, surtout aux heures de pointe. » Témoignages d’utilisateurs chinois

Plus encore, du fait de son concept même, les tarifs pratiqués sont bien moins importants qu’avec les vélos en libre-service classiques. En effet, les coûts étant principalement reportés sur les vélos et la gestion de l’application, seuls quelques centimes de l’heure suffisent (pour ces modèles asiatiques). Fini les infrastructures imposantes !
A la simplicité d’utilisation et aux coûts réduits on peut ajouter le style, en parlant notamment des Mobike : cela peut sembler futile mais pas pour certaines personnes pour qui le vélo reste encore ringard…

…et des défis à relever

Pour autant, ce système de vélos en libre-service ne possède pas que des avantages. Ces bicyclettes de ville partagées sont encore (trop) lourdes du fait de cadre surdimensionnés, de pneus pleins ou de transmission à cardan. Une obligation de solidité pour affronter les aléas du temps, de la conduite… et du vandalisme. Et quid du vol ?

Par ailleurs, on ne peut pas aller vraiment partout avec ces vélos : ils ne doivent ainsi pas quitter une zone délimitée. D’ailleurs, Sobi récompense les cyclistes qui se rapprochent du centre ville, et augmente la facture à l’inverse ! Car comme pour les Velib’ et consorts, il est bien souvent nécessaire de répartir chaque monture dans la ville pour éviter des zones de trop plein, ou de vides. Un vide qui se ressent en Chine du fait du succès de ces vélos que certains utilisateurs peinent à trouver…
…utilisateurs qui devront avoir de la batterie dans leur smartphone pour garantir un trajet sans pépin !

Un VLS connecté en France ?

Mobike va se déployer à Singapour, Ofo au Royaume Uni (puis sans doute aux États Unis), SoBi a déjà quitté le contient américain… peut-être qu’une de ces sociétés arrivera chez nous d’ici quelques années ? A moins que la SNCF ne fasse comme son équivalent outre Rhin (Call a Bike étant géré par la Deutsche Bahn)… Ces start up sont en tout cas en passe d’inonder le marché mondial du vélo en libre-service avec des chiffres de production de vélos affolants (plus de 85000 Ofo contre 19000 Velib’ !). Des opérateurs privés qui n’ont pas besoin de régie publicitaire pour vivre (ou de faire banquer les communes) puisque fortement valorisés par des investisseurs. Les Uber du vélo ? Peut-être !

C’est un succès pour la jeune génération, qui veut «ne rien posséder, ne rien rejeter et ne pas être responsable de rien. Chen Lin, professeur chinois de marketing

A suivre.